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La Nouvelle américaine contemporaine face au bref. À propos de David Foster Wallace et William Gass

Sigolène VIVIER

[Publication en ligne : 15 juillet 2019]

Résumé : La nouvelle, lit-on souvent, dirait le rapport qu’entretiennent nos sociétés contemporaines à la temporalité – un rapport marqué par la fugacité, la rapidité et l’évanescence. Si la volonté de lier nouvelle et rationalisation du temps ne semble en rien propre à notre époque, il nous faut considérer une pratique nouvellistique qui, aux antipodes de la microfiction, joue toutefois à mettre en crise la tension caractéristique du genre entre concision et profusion, au profit de cette dernière. À partir de quelques lectures de William Gass et David Foster Wallace, nous inspecterons les propriétés rhétoriques et stylistiques d’écritures qui choisissent de décliner les modalités de l’excès et du temps long. Nous verrons comment cet autre art du bref bâtit une véritable logique littéraire de la productivité interprétative, qui corrèle le temps passé à « travailler » à la lecture d’un texte au plaisir que l’on peut retirer d’avoir relevé ce défi herméneutique. Leurs nouvelles, souvent touffues, réticentes à expliciter et à conclure, invalident ainsi toute approche consumériste de la brièveté textuelle – une indiscipline tant philosophique qu’épistémologique qui exploite pleinement la labilité de la forme.

Mots-clés : nouvelle américaine, brièveté, excès, liste, David Foster Wallace, William Gass.

Abstract : The short story has often been said to reflect how modernity—and more specifically our contemporary societies—interact with temporality, within contexts frequently described as marked by evanescence, transience and rapidity. While this coupling between a rationalized temporality and the short story genre might in fact be decades old, this paper chooses to inspect a certain brand of short fiction that resolutely goes against the grain of brevity (as typified today by flash fiction for example) in order to renegotiate the balance between economy and profusion, to the advantage of the latter. With a particular focus on the modalities of excess and length in selected passages from the shorter works of David Foster Wallace and William Gass, the present essay will try to show how interpretative productivity is being correlated in their texts with the amount of time spent on naturalising their demanding styles. Often prone to indeterminacy and convolution, their prose therefore dismisses any consumerist approach to brevity—a stance which appears both subversive and exploratory of the form itself.

Keywords : American short story, brevity, excess, lists, David Foster Wallace, William Gass.

Pour citer cet article : Sigolène Vivier, « La Nouvelle américaine contemporaine face au bref. À propos de David Foster Wallace et William Gass », Formes brèves et modernité, Walter Zidarič (dir.), Atlantide, n °9, 2019, p. 79-92, http://atlantide.univ-nantes.fr